Les musulmans argentins et le retour de l’identité islamique
Les militants musulmans estiment que la création d'organisations islamiques fortes, le renforcement de l'éducation religieuse et coranique, et la préservation de l'unité sont les moyens les plus efficaces pour redonner à la jeune génération, son identité d’origine.
L'Argentine compte la plus grande minorité musulmane d'Amérique latine. Selon « l'Association des archives de données religieuses », la communauté musulmane représente environ 1,9 % des 46 millions d'habitants de ce pays. Aujourd’hui, le nombre de musulmans atteint environ les 700 000 et 8 mosquées et 6 salles de prière sont actives dans ce pays.
Il est difficile de déterminer une date précise pour le début de la présence de l’Islam en Argentine ou sur le continent américain, mais des signes historiques indiquent la venue de marins musulmans et d'autres études montrent que la présence des musulmans en Argentine, a commencé avec l'arrivée des esclaves africains et de musulmans espagnols kidnappés par des marchands d'esclaves européens, pour être vendus sur les marchés aux esclaves d'Amérique du Nord et du Sud.
Les premiers immigrants musulmans furent les Morisques au XVe siècle, venus dans cette région, avec les explorateurs espagnols. Les Morisques étaient des musulmans d'origine nord-africaine et espagnole, contraints de se convertir au christianisme après que l'islam a été interdit en Espagne.
Beaucoup d’entre eux ont fui et se sont installés en Argentine, pour échapper aux persécutions.
Dans les musées du Brésil et du Mexique, il existe des manuscrits datant de 1717 qui indiquent l'arrivée d'esclaves qui parlaient arabe, ne mangeaient pas de porc et croyaient en Dieu et au prophète Mohammad. Mais cette vague de musulmans a disparu au sein de la société argentine, et il n’en reste aucune trace.
Une grande vague d’immigrants arabes, principalement originaires de Syrie et du Liban (qui faisait alors partie de l’Empire ottoman), est arrivée dans le pays à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. Les premiers immigrants en Argentine, étaient des gens qui n'avaient pas beaucoup de connaissances ni d'objectifs religieux. Leur seul objectif était de gagner leur vie. Par conséquent, ils enseignaient rarement à leurs enfants le Coran, la langue arabe ou les enseignements de l’Islam. Les générations suivantes se sont donc éloignées des coutumes, de la langue et de la religion de leurs ancêtres.
La majorité de la communauté musulmane vit dans la ville de Buenos Aires, dont le nombre est estimé à 200 000 personnes. Il existe également une importante population musulmane dans les villes de Rosario, Tucumán, Bucota, Córdoba et Mendoza.
Au cours de sa présidence, Carlos Menem, né en 1930 dans une famille musulmane d'origine syrienne en Argentine, a accordé un terrain d'une superficie de plus de 5000 mètres carrés à la communauté musulmane de Buenos Aires, où ont été construits la mosquée Fahd et le Centre culturel islamique, considéré comme le plus grand centre islamique d'Amérique latine et des Caraïbes. Construit par le roi Fahd bin Abdulaziz à ses propres frais, ce centre a ouvert ses portes en 1992, et fournit divers services aux musulmans dans toute l'Amérique latine, bien que ses activités aient été réduites après le 11 septembre.
Les deux premières mosquées du pays ont été construites dans les années 80. La mosquée Al-Tawhid a été inaugurée en 1983, avec le soutien de l'ambassade iranienne à la communauté chiite de Buenos Aires. La mosquée Al Ahmad a été construite en 1985, pour la communauté sunnite, et le Centre culturel islamique King Fahd (financé par le roi d'Arabie saoudite) a été construit en 1996 et comprend la plus grande mosquée d'Amérique du Sud, une bibliothèque, deux écoles et un parc.
L'Organisation islamique d'Amérique latine (IOLA) dont le siège est en Argentine, est l'organisation la plus active d'Amérique latine dans la présentation de l’islam. IOLA organise des événements pour promouvoir l’islam et l'unité des musulmans vivant en Amérique latine.
Selon de nombreux militants de la communauté musulmane d’Argentine, les musulmans de ce pays sont confrontés à de nombreux obstacles et les moyens les plus importants pour surmonter ces défis, sont l'autonomie sans dépendance aux pays arabes et islamiques, l’attention à la langue arabe et au Coran, la création d’une association islamique active qui défende les intérêts des musulmans, la création de nouvelles institutions coraniques, arabes et islamiques, et l’unité au sein de la communauté islamique.
